Bluffant de maturité et de détermination, Louca Frieh est un jeune pilote de moto qui s’apprête à représenter la France lors de la grande finale des Mini GP World Series à Valence à partir du 10 novembre prochain. Véritable pépite de la moto sur circuit, Louca affiche des résultats remarquables pour sa toute première saison en compétition. Il poursuit son rêve et suit les traces de Fabio Quartararo. Entretien avec El loco que nous avons le plaisir d’accompagner !
Bonjour Louca, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, je m’appelle Louca Frieh. J’ai 13 ans. Je fais de la moto en compétition. J’ai commencé la moto à 8 ans par du motocross et vers mes 12 ans j’ai fait un stage de motopiste. Ça m’a plu et je me suis décliné vers la motopiste depuis.
Comment t’est venue la passion pour la moto ?
J’étais allé voir une course de moto d’un ami et pendant toute l’après-midi j’étais sur une petite moto, appelée Piwi. J’ai demandé à mon père si je pouvais en faire mais ce n’était pas possible pour des raisons d’assurance entre autres. Plus tard, j’ai pu faire un stage qu’un ami de mon père m’a offert et j’ai eu des larmes de joie dans le casque quand je me suis arrêté.
Tu as participé à la première édition du championnat des MiniGP World Series cette année. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ces MiniGP World Series ?
10 pays du monde y participent (Alpe Adria, France, Irlande, Italie, Malaisie, Pays-Bas, Amérique du Nord, Portugal, Espagne et Royaume-Uni). Les 3 premiers de chaque pays (championnat) se retrouvent tous pour la grande finale à Valence (qui débutera le 10 novembre, ndlr). Le vainqueur de cette grande finale devient champion du monde.
Peux-tu nous parler de ton parcours avant ton arrivée en MiniGP World Series ?
Je n’avais que 3 courses auparavant et principalement des entraînements. Puis avec mon père, nous nous nous sommes décidés à nous lancer dans un championnat parce qu’il était temps. Nous nous sommes lancés sur les MiniGP World Series et aussi sur la Coppa Italia en Italie. Du coup nous avons fait ces 2 championnats cette année.
Comment s’est passée ta saison en MiniGP World Series ? Et en Italie ?
Pour une première saison, ça s’est plutôt bien passé. Au début, j’avais un peu trop de fougue que je n’arrivais pas à gérer. Du coup mes premières courses se sont terminées un peu en catastrophe. Lors de ma première course j’ai percuté un autre pilote au 3e virage. Au fur et à mesure j’ai réussi à me prendre en main et à justement canaliser cette fougue. Ça a été de mieux en mieux après.
Avant même de parler de la grande finale pour laquelle tu t’es qualifié, quel bilan tires-tu de ta saison ?
Elle a été plutôt bonne. J’ai pu apprendre beaucoup de choses. Tout ce qui s’est passé cette saison c’est bien que ce soit arrivé maintenant et non plus tard. Au moins j’ai pu comprendre des choses, par exemple comme quoi il ne fallait pas trop se précipiter et bien réfléchir. Et puis d’un point de vue résultats elle est bonne car pour une première saison finir troisième de France c’est pas mal.
Comment te prépares-tu physiquement ?
Je fais principalement de la course à pied. J’effectue également des exercices de cardio et il faudrait que je me remette au vélo car je n’en fais plus beaucoup.
Ton père (Nicolas) t’a accompagné sur toute ta saison, peut-il nous expliquer son rôle justement ?
Nicolas Frieh : Et bien toute l’organisation finalement. Préparer le camion, les déplacements et la moto bien sûr. Toute la partie mécanique : entretien, réglages. Pour ce qui est de la grosse mécanique, c’est un mécanicien qui le fait à part. Je sais changer le moteur, on part toujours avec deux moteurs d’ailleurs. On est vraiment deux, Louca et moi.
Tu t’es officiellement qualifié pour la grande finale des MiniGP World Series (3e Français) qui aura lieu en novembre à Valence (la semaine du Grand Prix final de MotoGP, lui aussi à Valence). Ça représente quoi pour toi d’y participer ?
C’est énorme de figurer sur une course de niveau mondial alors que je n’ai pas fait beaucoup de compétition. Beaucoup d’émotions évidemment et le fait aussi d’aller là-bas (à Valence), d’y voir tous les pilotes de MotoGP, d’avoir Fabio Quartararo à mes côtés, c’est super. Et surtout je représente la France.
Et justement représenter la France ça te fait quoi ?
C’est mon pays, c’est un honneur.
Tu vises quoi sur cette grande finale ?
Être le meilleur possible. Je vais prendre du plaisir et me donner à fond.
Fabio Quartararo est devenu le week-end dernier le premier français champion du monde de MotoGP. Comment as-tu vécu ce moment-là ?
Il a fait une saison énorme. Il a réussi à se servir de ses erreurs et des échecs pour faire mieux. Ce qu’il a réalisé, c’est juste grandiose. Sa volonté m’impressionne.
Fabio est-il une source d’inspiration pour toi ?
Bien sûr !
Ton père t’accompagne énormément. Comment vivez-vous cette relation ? Toi, Louca, et vous Nicolas.
C’est une chance d’avoir mon père derrière moi, qui me soutient. Parce qu’il y a des parents qui n’auraient pas espoir en leurs enfants comme mon père. Ils les laisseraient traîner dans la rue ou jouer à la Playstation. Mon père a énormément confiance en moi et ça m’apporte beaucoup.
Nicolas Frieh : C’est super de le voir vivre ces moments magiques, d’arriver en finale des MiniGP World Series. De le voir sourire, prendre autant de plaisir dans ce sport c’est super. On vit de sacrés moments, parfois c’est dur, mais à la fin on est toujours contents de ce que l’on fait.
Petite question pour vous encore Nicolas, est-ce qu’à travers votre fils vous réalisez un rêve que vous auriez voulu vivre ?
Nicolas Frieh : Non. Je me suis mis à la moto sur le tard, j’ai fait beaucoup de circuit. Mais je ne le vis pas à travers mon fils. C’est vraiment lui qui a envie de le faire et de vivre tout ça. J’aurais fait pareil s’il avait pratiqué le foot ou un autre sport. J’aurai fait exactement la même chose, être là pour lui, le soutenir dans son projet. Je ne lui mets aucune pression, le but c’est qu’il prenne le plus de plaisir possible. J’essaye de l’aiguiller, de lui prodiguer des conseils, mais je ne suis pas non plus pilote professionnel. Je suis impressionné par ce qu’il arrive à accomplir seul, sans coach.
De nombreux sponsors t’accompagnent (une vingtaine). Ça représente quoi pour toi ?
C’est une chance. Sans eux, peut-être qu’on ne serait pas là. C’est aussi grâce à eux qu’on peut réaliser tout ça parce qu’ils nous soutiennent. Je les remercie énormément.
La moto est un sport coûteux, quels sont les frais d’une saison comme celle que tu viens de vivre ?
Nicolas Frieh : Pour les deux championnats (MiniGP World Series + Coppa Italia) entre 30 et 40 000 euros. Entre les déplacements, l’achat de la moto, l’équipement, les pneus, les entraînements, les frais sont nombreux et variés.
Qu’est-ce que tu leur donnes à ces sponsors et compte donner à l’avenir ?
Pour les remercier, je leur apporte des résultats. Je leur fais aussi de la publicité, donc de la visibilité.
Quelle est selon toi l’importance des réseaux sociaux, surtout pour un pilote de moto pro ?
Ça apporte de la visibilité et je m’efforce à en avoir le plus possible parce que c’est capital. C’est également une porte d’entrée pour de nouveaux financeurs.
Quel est ton réseau social préféré et pourquoi ?
Instagram. Pour son côté visuel, esthétique.
Comment un jeune de 13 ans vit cette vie de sportif de haut niveau avec tous ces sacrifices, déplacements que cela engendre ? D’un point de vue scolaire mais aussi d’amitiés.
Je le vis bien. En fait ça ne change rien à ma vie de tous les jours. Je n’en parle pas trop au collège, comme si je vivais sans à l’école. En revanche, le week-end c’est là où on met les gaz. Pour l’école j’arrive à gérer car je m’avance la semaine précédent une course par exemple, afin d’être tranquille et concentré le week-end de course.
Quels sont tes objectifs pour la suite, l’année prochaine ?
On ne sait pas encore avec mon père ce que l’on va faire. On réfléchit pour aller en Espagne, sur le championnat espagnol, le ESBK. Je vais passer sur une catégorie de moto supérieure, sur un 250cc ou un 300cc.
Nicolas Frieh : La moto sera plus grande aussi : 17 pouces. En termes de frais, on passe un palier aussi du coup.
Quel est ton rêve ?
C’est celui d’un pilote de mon âge je pense, devenir pilote de MotoGP.
Y-a-t-il une écurie qui te fait rêver ?
Oui, Avintia.
Et vous Nicolas, qu’est-ce que vous rêvez pour votre fils ?
Nicolas Frieh : Qu’il aille le plus loin possible. Au moins d’arriver à en vivre, ça serait le rêve. Vivre de sa passion.
Entretien réalisé le 29 octobre 2021.
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